Saint-Émilion et son vin |
Notre Gazette des Œnophiles, qui consacre une série de cahiers sur l’ensemble du vignoble bordelais, poursuit son pèlerinage par la région de Saint-Émilion. Nous voici sur la rive droite de Bordeaux à Saint-Émilion, ici c’est l’unique symphonie en rouge. |
Saint-Émilion
Cité Médiévale Juchée sur son rocher d’où la vigne ruisselle, Couvrant ses souterrains pleins de liqueur des dieux, La ville du passé se promet éternelle: Offrant son vin à l’âme, son vieux clocher aux cieux. Asile de l’Ermite, écho des chants d’Ausone; Abri des Girondins que l’échafaud vit fuir, Dans tes remparts croulants, c’est leur voix qui résonne, Car leurs spectres du puits n’ont pas voulu s’enfuir! Fontaine des amants où la vierge coquette Met deux épingles, puis, attend, espoir troublant, Que leurs fers se croisant en signe de conquête Promettant un époux avant la fin de l’an, Cloître des Cordeliers et de la Collégiale, Couloirs étroits de vie autour d’un champ de morts, Halte de Louis VIII en sa tour médiévale, Murs que le temps et l’homme ont flétris sans remords, Ô ville du passé! Vision éternelle! Je rêve de revoir tes charmes curieux, Tes coteaux réputés d’où la vigne ruisselle, Du pied du vieux clocher que tu lances aux cieux. Raphaël SAINT-ORENS |
Juchée
sur sa colline calcaire dominant la vallée de la Dordogne,
le village médiéval de Saint-Émilion (3500h) et plus
qui domine le vignoble est l’un des sites les plus
célèbres du Bordelais. Bien des siècles ont assis
sa renommée. Un charme poétique et troublant se dégage
de cette vieille cité qui vaut le voyage comme dirait
le guide Michelin. Cette cité médiévale ne dévoile
ses charmes discrets qu’aux plus sensibles des voyageurs
œnophiles. |
Qui
pouvait mieux me servir de guide que cette chère et
charmante Nicole Roskam-Brunot propriétaire du château
Cantenac un noble Saint-Émilion Grand Cru. Nous avons
le grand plaisir de pouvoir déguster ce joli
vin, un 2005, code SAQ 912 352 au prix de 28,70 $
disponible sur les tablettes de nos SAQ Sélection.
Nous allons y revenir plus en détail. L’accueil, la
générosité des Girondins s’exprime dans le temps qu’ils
sont prêts à consacrer à des amateurs éclairés venant
en cousin du Québec. Mettre
les pieds dans cette charmante cité de France laisse
quelque chose d’émouvant pour qui aime l’histoire
et bien entendu la civilisation du vin. La Pierre
nous y parle de son passé et son mariage avec le vin,
ne riez pas trop fort voici son serment : |
La
Pierre et le Vin «J’ai parlé à Saint-Émilion des noces secrètes de la pierre et du vin. Comment retrouver, dans l’hiver et la sollicitude, des paroles inspirées par le soleil de septembre et l’amitié des vendangeurs? Mais je veux saluer une fois encore la pierre et le vin. De la pierre – élément qui couvre le sol, L’homme a su tirer La splendeur verticale des monuments. Et, de cette même pierre, Il a fait jaillir le vin qui est aussi une architecture et qui participe, à sa façon à la verticalité du beau. Ne dit-on pas d’un vin méprisable que c’est “un vin plat”? Dans un siècle où, suivant les paroles De Mistral, “L’âme s’embrume, aplatie sous un rouleau”, puisse l’exemple sacré de cette pierre et de ce vin nous sauver de toutes les platitudes du cœur et de l’esprit!» Gustave THIBON |
L’église monolithe de Saint-Émilion : il faut admirer le portail au tympan mutilé, dominé par le clocher élancé. Rien n’est plus approprié que ce beau texte de Gustave THIBON pour rendre honneur au vin de Saint-Émilion et ses monuments. Il est évident que, de quelque côté que l’on se tourne, on est constamment séduit par l’aspect des ruelles en pente pavées, des caves creusées dans le roc, des églises et autres monuments. >La couleur dorée de la pierre renforce la luminosité des lieux. Là, l’origine se perd dans la nuit de la préhistoire, la pierre nous raconte. Au quatrième siècle, le poète -consul Ausone y avait une villa, « Lucaniac », que certains situent au Palat. Vers le huitième siècle, un saint homme Emilian originaire de Bretagne, du pays de Vannes, s’arrêta dans la contrée et se fixa dans une grotte qu’il aménagea pour y vivre en ermite, où s’élèvera la cité qui porte son nom. Il est préférable de visiter la cité à pied, tôt le matin ou tard dans la journée, en prenant une marche de santé. Si vous faites le tour de la ville, vous verrez les vestiges du Palais Cardinal, la place du Marché, les grandes Murailles, la tour du château du roi, le Cloître des Cordeliers, le Cloître de l’Église Collégiale, la Grotte des Girondins, l’Église Monolithe. Ce monument, unique en Europe, dont la réalisation a duré trois siècles, du huitième au onzième, a été entièrement creusé dans le roc. Saint-Émilion était une des étapes rituelles du voyage à Compostelle. Une foule pieuse et bigarrée emplissait l’Église monolithe. Aujourd’hui c’est un lieu touristique très recherché et un centre gastronomique réputé. Les vins de Saint-Émilion sont certainement les plus anciens de France. Dès l’époque romaine, ils étaient en honneur sur les tables des «Imperatores». Les plus grands monarques, Louis XIV entre autres, se sont plu à affirmer les qualités de finesse du Saint-Émilion et à décerner au «Nectar des Dieux» ses titres de noblesse. Le Saint-Émilion est assurément la plus belle expression des vins de Côtes. Selon le poète EYLAUD. |
«Saint–Émilion. Appellation contrôlée de bordeaux située au nord-est de cette ville, sur la rive droite de la Dordogne. Vin robuste, haut en couleur, templier par sa cuirasse et sanctifié par son auréole; prêt à tous les combats, y compris avec la Venaison. Comparable à un héraut d’armes brun et trentenaire aux biceps éprouvés et se riant des calendriers pour le conduire à l’indésirable vieillesse. Rude dans son adolescence, devient raisonnable avec l’âge.» (Extrait du Glossaire vineux du Docteur EYLAUD) |
Jean-Claude
Denogens Officier du Mérite Agricole (France) Grand Consul de la Vinée de Bergerac |