Le merveilleux tastevin |
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Sous
notre belle devise de l«Ordre du Mérite nophile» «Rubis ou topaze Même délice, même extase» |
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Avant
que le tastevin nai disparu sous la poussée des jeunes
viticulteurs, avant même quil ne soit acheté,
parfois fort cher, par quelque antiquaire, comme témoin
des temps révolus, jai désiré faire
revivre son histoire depuis la plus haute antiquité jusquà
ce jour. Le tastevin vaut bien une étoile! Je me suis souvent posé
la question. Oui ou non! Bon, alors fondateur et animateur de
lOrdre du Mérite nophile, puis journaliste
de la presse du vin, ayant débuté ce merveilleux
métier au quotidien «La France» à
Bordeaux. Depuis plus de quarante ans je parcours les vignobles de France curieux et admirateur de cette mystérieuse petite tasse jaffirme ceci : Ce merveilleux petit instrument argenté qui sert à goûter les vins me paraît aussi vieux quune étoile. Il brille de ses mille feux quand on lui verse quelques gouttes de vin, il nous réfléchit, les lumières du précieux nectar nuancé des reflets topazes ou de rubis. Bon daccord, sil ne vaut pas une étoile, il vaut son pesant dor. Cette petite tasse argentée pour goûter le vin, nous vient dit-on de la nuit des temps. Cest une Antiquité comme la vigne et cest certainement larme bien inoffensive du premier vigneron mais aussi des modernes chevaliers du vin. Il demeure un juge impitoyable, séparant le bon du mauvais, révélant la vérité, lhonnêteté, la franchise, trois vertus si nécessaires au vin. Alors, pour nous, dignitaires de lOrdre du Mérite nophile et de sa gazette De vigne en bouche, le tastevin, est sans aucun doute notre médaille en guise détoile pour les tastevinages de notre gazette des nophiles sur notre attrayant site, doù notre noble remarque : «Le tastevin vaut bien une étoile». Précision: Selon le Dictionnaire Larousse : Tâte-vin ou Taste-vin n. m. inv. Tâte-vin : Tube pour aspirer, par la bonde du tonneau, le vin quon veut goûter. Taste-vin : Petite tasse plate de métal dans laquelle on examine le vin quon va goûter. Selon le Glossaire Vineux du Dr J.-M. Eylaud, poète vigneron Bordelais. Tastevin : Coupe sans pied, en argent ou métal argenté, cristal ou faïence parfois, qui permet de mirer et de déguster les vins, principalement en Bourgogne où est la Confrérie des Chevaliers du Tastevin. |
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La
pipette appelée aussi (sonde à vin ou canne à vin)
pour retirer par la bonde le vin dun fût, le vigneron plonge
dans le liquide un tube (la pipette) muni dune anse à la
partie supérieure qui se remplit selon le principe des vases communicants
(daprès les lois de Pascal sur léquilibre des
liquides), puis il bouche avec son pouce lextrémité
extérieure, retire le tube et laisse «pisser» (couler) le vin dans la coupelle dargent. |
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Pourquoi
deux objets sappellent tastevin : tastevin-coupelle et tastevin-pipette.
Pourquoi lun et lautre se nomment «tastevin»? Voici deux petits appareils à usage vinicole désignés
par le même vocable mais qui sont complémentaires. Le premier
sert à tirer le vin pour remplir le second et celui-ci sert à
apprécier le vin, cest-à-dire le «tâter». Doù viens-tu belle tasse à vin ? «Hygie, associée au culte de son père Asclépios, comme déesse de la santé, était représentée avec en main une coupe à boire, sans anse, avec parfois un pied. Cette vieille coupe servait, dans lantiquité, pendant les fêtes religieuses et les libations. Elles étaient en céramique et plus tard en bronze. Elles prirent de lextension à partir du XVIIIe siècle ou on contracta lhabitude dy faire graver son nom. Les tasses en argent se répandirent à partir du XIXe siècle. Elles comportaient une petite coupe munie dune anse verticale ornée ou de pendeloques avec tête de serpent ou dun serpent à deux têtes. Les tasses à déguster sont aussi désignées par les termes tastevins ou tâtevins.» (Source : Norbert Got. Le livre de lamateur de vins). |
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MINERVE,
déesse romaine assimilée à ATHENA déesse grecque
dont HYGIE serait larrière petite cousine. Avec succès
elle fait goûter au serpent le «breuvage des dieux»
dans une coupe qui serait lancêtre du TASTEVIN. (Dessin : archives de lauteur) |
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«Petits amours, marchands de vin» Fresque de la Casa des VETTII. POMPEI, 1er s. ap. JC. sans doute entre 64 et 79. Le panneau du mur est dun noir verdâtre sur lequel les personnages se détachent en brun clair. Tout porte à croire que nous avons affaire à un objet semblable à la tasse bordelaise. (Photo collection archive Dr J.-M. EYLAUD) |
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Le tastevin d'argent |
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Le tastevin dargent qui brille devant moi Cest pour le vigneron un symbole de foi, Ultime souvenir dun vieux négociant. Il a vu, dans ses flancs, passer des vins brillants, Vins merveilleux, orgueil de notre France Depuis le rosé de Provence, Qui vient du pays des cigales Jusquà nos vins que rien négale. Fiers bordeaux, bourgogne à mine altière, Beaujolais malicieux qui chante dans les verres, Vins capiteux du Roussillon, Rendent les Catalans fripons Lorsque la tramontagne Leur porte dans le soir des accents de sardagne : Le tastevin dargent les connut un jour Et dans sa longue nuit, il en rêve toujours. André Mouls «Pour boire leau qui sourd de la claire fontaine, il suffit du creux de la main, Mais pour goûter le sang des vignes souveraines, Il faut avoir un tastevin». Dr. J.B. Chambat Chancelier du Bousset dAuvergne |
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Le
tastevin bourguignon |
La
tasse bordelaise |
Ce n'est pas sans émotion, que je fais revivre les vicissitudes
du tastevin, merveilleux outil argenté de ma jeunesse dans la vigne.
Voici la belle devise dun tastevin de Touraine:
«JE RESJOIS LES CUEURS» Dès mon plus jeune âge de raison avec le vin, jai été mis en présence de cette curieuse tasse à vin. Le souvenir le plus extraordinaire qui me reste, est celui du marchand de vin, qui, de village en propriété viticole durant les vendanges parcouraient à bicyclette les chais. Ce jour là, il se présenta au Domaine du Couderc et après quelques propos dusage, il sortait de la poche de son gilet, enveloppé dun chiffon, son tastevin dargent, brillant, et patiné par lusage du temps. A laide de la pipette en verre, mon oncle, préleva un peu de vin dans la barrique et lui en versa quelques gouttes dans sa tasse. Il humait le vin, le mirait tout en imprimant à son petit récipient un mouvement circulaire de gauche à droite dont je ne comprenais pas la signification, puis il goûtait par petites gorgées en émettant un susurrement mystérieux. Après quelques gorgées dont certaines étaient recrachées dans le baquet à sciure, et sa réflexion suivant son plaisir et la qualité du vin, le vigneron avait le choix selon loffre, de vendre. Sinon il attendait le printemps suivant. Mon admiration et mon interrogation, à la fois était grande devant lhabileté et le vocabulaire de ce marchand de vin itinérant, qui, à laide de cette petite tasse dargent pouvait par ses yeux, son nez, son palais et sa langue décider dacheter aussi vite, un vin quil avait si peu goûté. Jétais enfant et jignorais lart de la dégustation. Plus tard, je devais en apprendre beaucoup plus sur cet utile objet dargent. On distingue deux types de tasses à déguster : la tasse bordelaise et la tasse mâconnaise, que lon désigne par les termes tastevins ou tâtevins. La tasse bordelaise donne lapparence réelle du vin, sans aucun artifice, elle na ni bord ni anse. Cest un tronc de cône très ouvert et uni avec un fond hémisphérique convexe. Les Bordelais croient que leur tasse à vin est le seul tastevin parce que, sans anse, il ressemble alors à une coupelle de même grandeur et de même forme que celle de lAntiquité. On la retrouve dans la Confrérie «Les Compagnons du Loupiac». La tasse maconnaise «cupulettes», des
boutons, une bande de stries parallèles avec au centre «lampoule». «Le tastevin est un récipient spécifiquement
bourguignon» nous dit-on au Clos Vougeot. Dailleurs la célèbre
«Confrérie des Chevaliers du Tastevin» en a fait
son heureux emblème officiel.
Jai eu personnellement, lhonneur de recevoir dignement ces deux types de tastevins, lors de mémorables intronisations dans mes nombreux pèlerinages aux sources des vins de France. Il y a vraiment lieu de sextasier devant la conception de cet outil admirablement conçu en vue de son rôle. Sa réalisation purement empirique a été luvre dobscurs artisans mais combien observateurs Je cite avec plaisir cette phrase de René Mazenot, ancien Professeur de Sciences Naturelles, auteur de «Le tastevin à travers les siècles». «Comme nous sommes loin de la manière de déguster de notre enfance! Le tastevin jamais lavé, ne quittait pas la poche du tablier de grosse toile grise. Aussi percevait-on, au fond des cuvettes et des torses un dépôt adhérant fortement. Cétait, passez-moi lexpression, un tastevin «culott» comme le fut le «quart» de nos Poilus dans lequel certains auteurs nhésitent pas à voir un dérivé du tastevin.» |
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Le
marchand de vin et le tastevin |
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«Quelle vie est donc celle d’un homme qui se retranche du vin» (Eccl. XXX133). |
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Muni
de cet ingénieux dispositif, comment le dégustateur œnophile,
peut-il goûter son vin. La tasse étant à moitié
pleine, solidement tenue, le pouce serré sur la poucette, il cherche
déjà l’éclairage le plus favorable pour ses
observations, puis, inclinant, par un mouvement ménagé du
poignet, la tasse de gauche à droite puis de droite à gauche
et vice–versa, il fait passer son vin alternativement des stries
aux cupulettes, le «fardant» et le «défardant» tour à tour, ce qui lui permet, en définitive, de
se faire une opinion moyenne sur l’intensité de la «robe» et sur la limpidité du liquide. Le côté
cupulette (que l’on nomme aussi les boules) qui ne «farde» jamais le vin est appelé «côté acheteur» alors que le côté strie (appelé aussi les
virgules) qui l’avantage toujours est le «côté
vendeur». Quand à «l’ampoule», elle
a son utilité : elle réduit, par le volume qu’elle
occupe dans la tasse, la quantité de vin nécessaire pour
faire un examen, ce qui est intéressant lorsqu’on déguste
sur échantillons réduits pa. Les boules et les
virgules sur les côtés et le fond servent à brusquer
le vin afin de voir son évolution. Que reprochent au tastevin d'argent les partisans du verre à déguster? D’abord qu’il est d’un entretien assez délicat, souvent terni et que de ce fait, les phénomènes de réflexion dus aux cupulettes sont parfois flous et difficiles à observer etc, etc. On reproche, encore, à la tasse de présenter le vin à l’air sur une surface trop étendue pour son volume ce qui nuit à l’olfaction des bouquets et des odeurs. L’avantage : ces tasses, plates et résistantes aux chocs, se logent facilement dans la poche sans occasionner de gêne. Actuellement, seuls les professionnels les emploient. Voici un large extrait d’un passage du précieux livre de Monsieur Bernard Ginestet & Claude Prigent intitulé «Essai esthétique sur la présence des Confréries du vin en Pays Bordelais à la fin du IIe Millénaire». Nous sommes heureux de publier ce texte, soutenant le point de vue de leurs auteurs. Avec l’aimable concours du Grand Maître de la «Commanderie les Compagnons du Loupiac», Monsieur Philippe SEROIN du Château Le Moyne 33410-Loupiac Gironde. Auquel, j’adresse à la veille de notre 40e anniversaire de l’ «Ordre du Mérite Œnophile» en terre Québécoise, mes savoureux et bien sincères compliments d’œnophile. |
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Philippe
SEROIN Grand Maître de la Commanderie les Compagnons du Loupiac,
ouvrant le solennel chapitre de la fête de la fleur. (Photo offert par la commanderie de Loupiac) |
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«Le vin de Loupiac est un cordial délicat et tonique qui charme le palais, réjouit l’estomac et respecte la tête. Par essence – et donc par existence.» Jean-Paul Sartre |
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Peut-être
y avait-il des loups dans les parages, pour que le village en conservât
la trace dans son nom. Peut-être aussi qu’un Lupius fut, au
IIe siècle, le premier vigneron du cru. Toujours est-il qu’un
écusson à tête de loup orne la cape noire, doublée
et bordée de jaune d’or, des Compagnons du Loupiac. Fondée
en avril 1971, cette confrérie tient ses principaux chapitres lors
de la fête de la Fleur, ce qui n’est guère original
en Bordelais, mais aussi pour célébrer le Vin Nouveau au
mois de décembre, ce qui est beaucoup moins fréquent. Les
agapes sont chaleureuses et sans affèterie. Le vin de Loupiac est
un cordial délicat et tonique, qui charme le palais, réjouit
l’estomac et respecte la tête. Par essence – et donc
par existence, ajouterait Jean-Paul Sartre – il doit être
consommé avec modération, exprimant par là qu’il
n’est pas un vin de soif mais de plaisir subtil. Il est aux vins
blancs secs ce qu’est le parfum à l’eau de Cologne.
L’antique château du Cros domine le coteau de Loupiac et sa
silhouette déchiquetée donne un aspect quelque peu fantastique au paysage. Construit au XIe siècle,vraisemblablement sur des ruines romaines, il fut plusieurs fois remanié aux XVe , XVIe et XVIIIe siècles. Non loin de là se trouvent les restes du prieuré de Saint-Romain, comportant un cellier où l’on voit les vestiges d’une grande mosaïque avec pampres. Pour les moines d’alors, la célébration quotidienne de la messe devait être un exquis moment d’extase, par la grâce du divin breuvage emplissant les burettes. L’insigne porté en sautoir par les Compagnons du Loupiac, au bout d’un cordon doré, est la tasse à vin bordelaise. Je ne manquerai pas cette belle occasion de rappeler qu’elle est l’ancêtre de tous les «tastevins» bourguignons et autres. C’est un contemporain de Rabelais qui la fit ouvrer pour la première fois par un orfèvre du quartier Saint-Pierre à Bordeaux, en 1539. Son nom véritable est l’ombilic, à cause de sa forme qui rappelle le nombril et qui permet la réflexion de la lumière à travers le vin, quel que soit l’angle d’incidence du rayon. Autre leçon d’exactitude : à Bordeaux un «tâte-vin» est la pipette en métal avec laquelle on prélève un échantillon dans une barrique. Les Compagnons du Loupiac sont les gardiens vigilants de la véritable nature des choses. |
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Voici
un autre beau poème «ès vignes» écrit
à la seule gloire du tastevin et de la tasse bordelaise. |
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Vieille tasse d'argent Tasse qu’avec respect on saisit de la main Des vieux parents, bijou qu’on transmet sans cesse, Toi qui, sur les tonneaux, t’étales sans écrin, Tu donnes aux gourmets ou l’espoir ou l’ivresse. Combien de lèvres ont, sur tes bords d’argent fin Posé d’ardents baisers, d’amoureuses caresses En goûtant savamment l’arôme de nos vins Mis à nu sur ton fond reflétant leur finesse. Tu honores toujours l’œuvre de l’artisan Qui modela ta forme et fit tes ciselures Pour charmer le regard et pour braver les ans. Certes le clair cristal doit envier ton destin Quand le pouce et l’index t’élèvent pleine et pure, Vieille tasse d’argent, O précieux tâte-vin. Auteur Inconnu |
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La séduisante
tasse bordelaise de Loupiac. Dionysos-Bacchus enfant roi dans son berceau,
l ’antique et célèbre tasse de Loupiac. Au milieu d’une joyeuse danse des feuilles de vignes dansant en sabot de vignerons.
(Illustration œuvre bachique du poète vigneron J-M Eylaud) |
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Il
existe en France, aujourd’hui plus de cent confréries vineuses,
dont dix-sept ont pour insigne le tastevin. Mais sans aucun doute, la
tasse à vin bordelaise par ses origines demeure l’ancêtre.
Que va donc devenir notre beau tastevin d’argent, si vénéré
de nos ancêtres et si appréciés de nos grands-pères
vignerons. Je crois, que pour ceux plus spécialement, et ils sont nombreux, qui se groupent aux seins des nombreuses et sympathiques Confréries vineuses, cet ingénieux tastevin d’argent est et restera l’emblème folklorique de l’humaine civilisation du vin. |
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Jean-Claude
Denogens Officier du Mérite Agricole (France) Grand Consul de la Vinée de Bergerac |
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